Lorsqu’elles ont visité La Maison Maroc pour la première fois, elles ont su que ce serait là. Et très vite aussi, elles ont compris que les travaux de rénovation à prévoir seraient importants. La bâtisse, qui date du début du XXe siècle, se niche dans un parc de 2 hectares, lui-même entouré de la forêt communale, appelée ici « forêt du Maroc ». Le mystère reste entier autour du nom de la propriété. « Nous ne savons pas qui, du bois ou de la demeure, a donné le sien à l’autre », avoue Kanèle. Ce qui ajoute encore au charme du lieu.
Située en Bourgogne, à deux heures en voiture de Paris, La Maison Maroc était habitée par un couple de retraités qui laissait ses nombreux animaux – parmi lesquels des moutons – aller et venir en toute liberté sur le domaine. Aujourd’hui, le parc est entre les mains d’un paysagiste qui s’attache à lui redonner vie, notamment en plantant des végétaux à fleurs pour, à terme, que la nature s’exprime de nouveau. Si les écuries sont actuellement en pleins travaux pour devenir, à l’été 2024, une nouvelle habitation, la bâtisse principale a, dans un premier temps, fait l’objet de toutes les attentions du tandem féminin. « Nous avons souhaité garder l’identité de la demeure et conserver tout ce qui pouvait l’être, en y apportant néanmoins notre touche. » Ainsi, les carreaux de ciment, le parquet en point de Hongrie, les magnifiques tapisseries des chambres, certaines vasques et leur robinetterie, de nombreux luminaires et les cheminées, présentes un peu partout, font toujours partie du paysage. Sensibles aux beaux matériaux et aux matières naturelles autant qu’à l’art, Kanèle et Caroline ont imaginé un intérieur chaleureux qui mixe pièces anciennes et contemporaines.
En chineuses averties, elles ont couru les boutiques d’antiquités et les brocantes, ramenant de leurs virées des trouvailles variées : un panier à bûches, le vaisselier grillage à poule, les chaises Baumann qui ont trouvé leur place dans la salle à manger… De ses voyages fréquents à Essaouira, Kanèle ne manque jamais de revenir avec des tapis, des poufs et d’autres accessoires qui entrent en résonance avec le nom du lieu. Le site Leboncoin et les comptes Instagram de brocanteurs ont reçu leurs visites régulières, l’une et l’autre ne s’interdisant rien.
« Nous avons également la chance d’avoir noué des partenariats avec des marques dont nous partageons les valeurs, comme Tikamoon, qui nous a fourni du mobilier pour le dortoir, pour une salle de bains et pour les extérieurs, ou encore Jamini, qui fabrique, entre autres, de jolis coussins. » Sur les murs de La Maison Maroc, comme dans une galerie, des artistes exposent leurs œuvres, que les visiteurs peuvent acquérir. La peintre Margaux Derhy et la céramiste Jessica Chetrit ont été les premières à répondre à l’invitation de Kanèle et Caroline.
Créatives et habiles de leurs mains, ces dernières n’ont pas hésité non plus à s’improviser designers, le temps de réaliser le luminaire de l’entrée. Une structure en métal à laquelle elles ont associé du raphia, finalisant le tout avec un galon frangé en satin vert, « la même teinte que celle du carrelage, une chance ».
Pensée comme une maison de famille, La Maison Maroc et son belvédère, auquel on accède par un escalier en colimaçon pour profiter d’une vue à 360 degrés, ont vocation à accueillir des hôtes pour deux nuits minimum, mais pas que. Kanèle et Caroline ont en effet imaginé « des échappées », avec des retraites de yoga, de méditation, des stages de céramique, des résidences d’artistes. Des rendez-vous dans un environnement préservé, bénéficiant de services dignes de l’hôtellerie, la convivialité en plus.
Mariage inattendu d’époques et de styles autour de la cheminée en marbre et laiton des années 1920 : un tabouret en porcelaine émaillée AM.PM voisine avec deux poufs rapportés d’Essaouira, un panier à bois déniché chez un antiquaire et un canapé en velours Bobochic qui accueille des coussins Jamini et Haomy
La salle à manger, qui communique avec le salon, est traversante et offre de nombreuses vues sur le parc. La longue table appelée à recevoir famille, amis et hôtes de passage a été chinée dans les environs, comme les chaises, dont certaines sont siglées Baumann.
La cuisine peut compter sur son carrelage et sa crédence d’origine pour affirmer sa personnalité. La gazinière Leisure a été conservée, seuls les meubles Ikea ont été ajoutés.
Cette chaise longue en cannage, qui était déjà dans la famille de Caroline, agrémente délicatement la chambre « Master », tout comme le tapis et le petit tabouret marocains.
L’entrée de la maison donne le ton : de l’ancien, du neuf, du DIY. Les carreaux de ciment sont d’origine, les escaliers ont été débarrassés de la moquette, une enseigne carotte de bureau de tabac répond à la suspension fabriquée par Caroline et Kanèle.
Dans la chambre « Master », harmonie de teintes rappelant le Sud, en hommage au nom de l’adresse : boutis en lin de chez Haomy, rideaux et luminaires AM.PM.
Pour mettre en valeur la vasque et la robinetterie anciennes, les murs ont été habillés de tasseaux de bois peints et vernis, résistants à l’humidité.
Caroline, orthophoniste, et Kanèle, qui travaille dans l’événementiel audiovisuel, se sont rencontrées il y a une dizaine d’années, via des amis communs. Toutes deux éprouvent un vif intérêt pour la décoration, l’art en général et l’art de recevoir en particulier. Pour ces mères de famille très actives - 4 enfants du côté de Caroline, 2 chez Kanèle –, les retrouvailles avec leur tribu sont essentielles. Ensemble, elles ont fait de La Maison Maroc un refuge en plein cœur de la nature.
La Maison Maroc, Les Bois Fendus, 89520 Saints-en-Puisaye.
À partir de 1 700 € le week-end pour 14 personnes