Lucie Broisin Schoch puise dans la nature l’alphabet de son langage créatif. Dans ses mains, des fleurs esseulées sur le bord d’un chemin se métamorphosent en pastels secs, encres à dessin ou gouaches aux nuances délicates, un roseau se mue en calame pour la calligraphie, glissant avec légèreté sur le papier…
C’est en 2020, au début de la crise sanitaire, alors que son activité de sérigraphiste est à l’arrêt, que la pratique artistique de Lucie prend un tour nouveau, intimement lié au monde végétal. « La parenthèse du confinement m’a permisde me rendrecompte de la quantité de déchets que je produisais pour la simple réalisation de faire-part de mariage, confie-t-elle. Cela m’a posé un véritable cas de conscience. Parallèlement, le matériel d’art étant devenu introuvable, j’ai commencé à chercher des alternatives, à me documenter sur les techniques anciennes de fabrication des couleurs, de confection d’outils pour le dessin, la peinture, afin de continuer à créer de manière artisanale et naturelle, en toute autonomie. » Un cheminement qu’elle raconte sur son blog « La Pigmentière »1, mais également dans un livre récemment paru aux éditions Ulmer2.
Au fil de ses recherches, de ses flâneries dans les bois ou sur les sentiers alsaciens, Lucie accède à un nouveau monde de possibilités et à une porte ouverte sur son propre imaginaire. La forêt, la montagne, les fruits et légumes du potager… recèlent un arc-en-ciel de couleurs dont elle ne soupçonnait pas la richesse. Elle apprend l’existence de la tempera, une peinture obtenue à partir de jaune d’œuf utilisée dès l’Antiquité ; fabrique des crayons de cire aux teintes flamboyantes avec de la roche de lapis-lazuli ou des verges d’or, fleurs d’un jaune clair et vif récoltées dans les Vosges ; concocte même des liants pour ses pigments et colorants naturels au moyen de gommes végétales. Toujours en usant de mesure, selon ses convictions. « Je ne prélève que ce dont j’ai besoin, dans mon jardin, à proximité de la maison, dans la région », souligne la jeune femme.
D’art et de sagesse…
Plus qu’un procédé artistique écologique, cette nouvelle philosophie tournée vers le vivant lui enseigne l’observation, la patience… Désormais attentive au moindre caillou, aux baies discrètes qui jalonnent les chemins, Lucie aligne sa pratique sur un tempo différent. « J’accepte la valse des saisons. Certaines couleurs et matières premières ne sont disponibles qu’à un moment donné de l’année, je m’en accommode. Dessiner ou peindre devient une parenthèse profondément méditative et même… Un acte de résilience », murmure-t-elle. Elle réalise surtout la générosité extraordinaire de son environnement naturel, incarné par le noyer, l’un de ses arbres favoris. « Avec ses fruits, le noyer nourrit, il protège les oiseaux, m’offre de l’ombre au jardin lorsque le temps est chaud, du brou de noix pour mes dessins… » L’art de s’émerveiller de l’essentiel : le secret du bonheur.
1. lapigmentiere.com
2. Fabriquer son matériel d’art avec les ressources de la nature, éditions Ulmer.
Obtenue à partir d’un mélange de pigments naturels broyés et d’un liant organique (eau, gomme arabique et huile de clou de girofle), l’aquarelle végétale peut être stockée en godets. Comme Lucie Broisin Schoch, concevez les vôtres avec des éléments glanés dans la nature, tels que des coques de pistaches, des cupules de glands, un morceau de pierre creuse… ou encore des coquillages. Pour transformer ces derniers en contenants, rien de plus facile. Commencez par les faire tremper dans de l’eau claire afin de les débarrasser du sable, de la glaise, du sel. Nettoyez-les rapidement avec du vinaigre. Il ne vous reste ensuite qu’à les brosser à l’eau chaude savonneuse puis à les rincer.
Obtenue à partir d’un mélange de pigments naturels broyés et d’un liant organique (eau, gomme arabique et huile de clou de girofle), l’aquarelle végétale peut être stockée en godets. Comme Lucie Broisin Schoch, concevez les vôtres avec des éléments glanés dans la nature, tels que des coques de pistaches, des cupules de glands, un morceau de pierre creuse… ou encore des coquillages. Pour transformer ces derniers en contenants, rien de plus facile. Commencez par les faire tremper dans de l’eau claire afin de les débarrasser du sable, de la glaise, du sel. Nettoyez-les rapidement avec du vinaigre. Il ne vous reste ensuite qu’à les brosser à l’eau chaude savonneuse puis à les rincer.