«Ouvrir une chambre d’hôtes a longtemps fait partie de nos rêves, jusqu’à ce que nous décidions de le concrétiser. Nos recherches pour trouver l’endroit idéal ont duré plus de deux ans et se sont d’abord concentrées sur le département du Tarn, explique Laurent. C’est finalement une annonce pour un bien situé dans le pays de Comminges, en Haute-Garonne, qui a retenu notre attention. » Coup de cœur immédiat pour lui, un peu moins pour Stéphanie, qui s’inquiétait de l’isolement de la ferme et du manque d’attrait touristique d’Alan, village de 300 âmes, « au milieu de nulle part ». Véritable projet familial, celle qui se nomme désormais Maison Bellamant recueillera l’approbation décisive de Zoé et Anouchka, les adolescentes du couple qui vivent encore avec leurs parents, ainsi que des trois autres enfants, qui ont quitté le nid… mais y reviennent régulièrement.
« Nous avons signé l’acte de propriété le 16 janvier, et le 17 au matin, nous commencions les travaux. Une expérience fantastique ! » Pour rénover les deux bâtiments, la maison principale et la grange, Laurent et Stéphanie ont fait appel à des artisans des environs. Dix-huit mois ont été nécessaires pour offrir à la demeure son visage actuel. Nous avons eu la chance de travailler avec des professionnels passionnés qui n’ont pas hésité à nous faire profiter de leurs savoir-faire, un charpentier-menuisier, un ferronnier, un aluminier… et bien sûr un architecte, qui a assuré la partie métrage de notre projet. » La bâtisse principale comprend deux chambres d’hôtes, L’Aurignacienne et Mado, en plus des quatre chambres réservées à la famille. Celles qui se trouvent dans la grange, La Forêt des Sources, Céleste et L’Érigéron, se partagent un salon commun avec une cuisine ouverte.
Stéphanie et Laurent n’ont pas ménagé leur peine, dessinant eux-mêmes les plans de certaines pièces (notamment la cuisine et les salles de bains), certains meubles (dont ceux de la cuisine de la grange), se déplaçant dans des usines en Belgique pour les faire réaliser, courant les boutiques de déco et écumant les marchés à la brocante du sud de la France en quête de pépites vintage. Allant jusqu’à décider de prélever dans des mini-carrières, sur les 13 hectares de la propriété, les pierres blanches des Pyrénées qui s’invitent sur les murs de la maison et de la grange. Par respect de l’existant autant que par goût de l’authenticité, le couple a tenu à conserver et à restaurer, autant que possible, ce qui pouvait l’être : le plancher en pin de la salle à manger, ainsi que la cheminée et son four à pain, le sol en tommettes d’époque d’une cuisine transformée en chambre, le vieux poêle à bois Godin, émouvant témoin du passé, toujours en état de marche dans le salon de la grange. Hors du temps et des modes, le décor mixe ainsi avec bonheur ancien et contemporain, meubles de famille, pièces de créateurs, dans une atmosphère chaleureuse. Petite fierté du maître des lieux : les poutres des plafonds que l’on croirait d’origine alors qu’elles ont été rapportées. Attentifs à l’environnement naturel privilégié, parsemé de figuiers, pruniers, cerisiers, cognassiers et poiriers, qui sert d’écrin à Maison Bellamant, le duo est allé jusqu’à opter pour des bains nordiques en bois dans certaines des chambres, avec une eau à 37 °C « mais sans bulles, pour ne pas perturber le silence ambiant ». Aux beaux jours, une grande table dressée sous le tilleul permet d’en profiter le temps des repas. Un rêve de quiétude…
Laurent Bernet a longtemps été cadre supérieur chez un grand opérateur de télécommunications français avant d’engager une reconversion, et d’obtenir un CAP de cuisinier. Le CV de Stéphanie Brunel, quant à lui, mentionne une école hôtelière en Suisse, des études de droit et une expérience dans l’immobilier. « Nous voulions trouver un équilibre entre vie familiale et vie professionnelle », expliquent-ils. Pari réussi avec Maison Bellamant : Zoé et Anouchka, ainsi que le chien Popeye et les chevaux Ulysse et Matinée, attestent du succès de l’aventure.
Le canapé Le Monde Sauvage invite à profiter de l’authentique poêle Godin en hiver. La cuisine, dessinée par Stéphanie et Laurent, a été réalisée par Pascal Saint-Blancat, charpentier-menuisier à Alan. Le piano La Cornue est un cadeau du père de la maîtresse de maison. Tables basses « Nimbus » de Heerenhuis.
Le plancher en pin, poncé à blanc et huilé ainsi que la cheminée (avec four à pain), tous deux anciens, voisinent avec des icônes du XXe siècle : la table Saarinen de Knoll, les chaises Eames « DSW » de Vitra et les modèles rouges « Eros » de Starck pour Kartell. Au plafond, des suspensions en papier japonais signées de la créatrice Céline Wright.
Chaleureux et lumineux, le salon-bibliothèque accueille un piano d’étude qui appartenait au père de Stéphanie. En version basse cette fois, la table Saarinen en marbre apporte à la pièce l’indispensable touche design qui change tout.
De l’ancienne cuisine transformée en chambre, baptisée l’Érigéron, il ne reste que le sol en tommettes. À l’aise partout, le fauteuil Eames « RAR » de Vitra voisine avec une étagère et ses plateaux en chêne sur mesure. On devine la terrasse privative (avec bain nordique).
La pierre et le bois confèrent à L’Aurignacienne une ambiance authentique et chaleureuse. Les draps et la couette en lin lavé La Draperie Française, les coussins et le plaid Libeco et la suspension en fibre de palmier Rock the Kasbah jouent la carte du naturel. Clin d’œil futuriste avec la lampe TGV de Ionna Vautrin (Moustache).
Située à l’étage de la grange, voici Céleste avec sa terrasse. La palette des teintes neutres met subtilement en valeur le mur en plâtre brut sur pierre des Pyrénées. Linge de lit en lin lavé La Draperie Française, coussins et plaids Libeco, suspension Chérie Chérie et tableaux d’Alice Delsenne.
Tout en béton ciré, la salle de bains privilégie l’essentiel. Vasque en céramique blanche et robinet « Loop » coloris or brossé Sanycces, miroir rétroéclairé Backlit et poubelle en rotin achetée à la Métairie de Montgeard.
Installée sous le tilleul, « Hermosa », la table à manger XL en teck recyclé de Gescova, peut accueillir jusqu’à 14 convives. La nappe ? Des draps anciens en coton. Les assiettes ont été chinées à Bruxelles et les verres à vin proviennent de chez Casa.
Ulysse profite d’une retraite bien méritée, qu’il partage avec la jument Matinée, entourée de l’affection de Zoé et Anouchka, les filles cavalières des propriétaires.