Comment a germé ce livre potager, hybridant conseils et recettes ?

Il y a cinq ans, j’ai emménagé dans une maison en famille, près de Lille. Après des débuts jardiniers pour le plaisir, nous nous sommes pris au jeu. Comme j’aime les défis, j’ai noté tout ce qui sortait du sol, la géolocalisation des légumes et fruits… Avec deux ou trois astuces pour exploiter et maximiser les plantations, cette danse avec le vivant permet de se nourrir en se faisant plaisir, tout en faisant des économies. J’ajoute qu’on cherche un peu le soleil dans le Nord, alors si ça pousse dans le Nord, ça pousse partout !

De cours en livres, pourquoi ce désir de transmission ?

Même si j’aime toujours autant regarder des films fantastiques et écouter du rock, j’ai désormais d’autres préoccupations à l’esprit que la pop culture : ce que
je donne à manger à mes enfants, ce que je vais leur laisser après mon passage, comment les accompagner pour qu’eux-mêmes s’adaptent au réchauffement climatique… C’est un questionnement répandu. Comme je ne me considère pas comme un spécialiste et que j’aime les livres décalés, j’ai eu à cœur ici de désacraliser la permaculture et de l’apporter jusqu’à l’assiette, à l’appui d’illustrations et de photos.

‍Quels sont les bases de cette méthode de culture, à la fois productive et bénéfique pour l’environnement ?

À l’encontre des idées reçues, je commencerais par dire que cette philosophie de vie peut être qualifiée de fainéante. Son principe étant d’imiter la nature, il est plus naturel d’intégrer que de séparer. Ainsi, les tontes de pelouse vont directement au potager pour contribuer au paillage. Or noir du jardinier, le compost recycle quant à lui les épluchures de légumes, les feuilles mortes, etc. Par ailleurs, parce que l’économie d’eau est une priorité, exit l’arrosage manuel intempestif. Avec des oyas, par exemple, l’infiltration se fait lentement à partir de ces pots en terre cuite non vernissée jusqu’aux racines des plantes. Et ainsi de suite.

‍Avez-vous des conseils particuliers pour les débutants ?

D’abord, sachez que le potager est un ogre. Il faut donc nourrir son sol, à imaginer comme celui d’une forêt, c’est-à-dire avec un couvert, puis plusieurs strates. Corollaire : évitez de le retourner, sous peine de détruite un an de vie. Troquez la bêche pour une grelinette, qui aère le sol en préservant sa structure. Enfin, privilégiez les graines reproductibles, ainsi que les variétés locales et surtout anciennes. Plus goûteuses, elles sont aussi plus résistantes. Le tout en pratiquant la rotation des cultures. Cette variation dynamise le sol et brise les cycles de parasites.

Reste à apprendre à laisser la récolte décider des repas, pour vous citer.

Il y a quelque chose de magique et de stimulant à suivre le rythme de la nature. Certains aliments deviennent plus accessibles, tel le crosne, tubercule raffiné très cher à l’achat. Cela permet aussi d’en redécouvrir d’autres. Dans un gâteau au chocolat par exemple, la betterave séduit même les enfants, qui s’accommodent de son goût terreux. Autre association bonne pour les papilles et la santé, un pain au potiron bouscule les habitudes positivement. Bien-être et gourmandise se renouvellent avec une salade de fraises, tomates cerises et mozzarella, ou encore du pain perdu aux herbes et à la burrata. En septembre ? Vive le céleri à la carbonara !