3 questions à Matthieu Velé, dirigeant d’Ernest Turc

À la tête de l’entreprise familiale centenaire spécialiste des bulbes à fleurs, il œuvre pour une production labellisée « Fleurs de France », relocalisant ce printemps en Bretagne celle des narcisses, disparue de l’Hexagone depuis 15 ans.
Un article de
Lucie Tavernier

Pourquoi ce choix fort ?

Quand je suis arrivé dans le milieu horticole, un chiffre m’a choqué : 90 % des fleurs coupées vendues en France viennent de l’étranger, idem pour les bulbes. J’ai le souvenir de mon grand-père, avec des brassées de renoncules ou d’anémones, qui offrait tous les deux jours à ma grand-mère un bouquet du champ. Lorsque j’étais enfant, il y avait dans le pays des circuits courts absolument partout. Je suis persuadé que nous avons la capacité de renouer avec ce modèle, d’autant que la fleur est un vecteur d’émotion. C’est pour cela que nous avons eu envie de produire à nouveau localement des narcisses, ces fleurs que les Français connaissent, aiment, et qui sont faciles à cultiver au jardin.

Les bulbes de narcisses ‘Sir Winston Churchill’, produits à Plomeur, dans le Finistère sud, seront en vente en septembre prochain, aux côtés de deux autres variétés.


Est-ce une nécessité ?

En tant qu’horticulteurs et grainetiers, je pense que nous sommes la dernière génération à pouvoir faire ce choix, avant de perdre les savoir-faire. Chez Ernest Turc, nous avons la chance d’avoir encore un employé qui a connu l’époque de mon grand-père et de la culture de la jonquille. C’est ce qui rend ce projet possible, et que nous avons la responsabilité de transmettre.

Ernest Turc dispose de son propre laboratoire in vitro où sont préservées des variétés anciennes, tandis que d’autres sont créées, pour mieux résister aux canicules, par exemple.


C’est un constat partagé ?

Il y a de l’enthousiasme et un brin de folie dans notre secteur, beaucoup de jeunes se lancent : une ferme florale ouvre chaque semaine en France ! Nous sommes de plus en plus nombreux à nous retrousser les manches. Or, je crois beaucoup au pouvoir du collectif pour arriver au renouveau de la filière et soutenir des mouvements comme celui de l’autoproduction. C’est d’autant plus important que, face aux sécheresses notamment, nous avons besoin de plus de végétal dans nos vies et nos jardins : pour faire de l’ombre, attirer les pollinisateurs… et retrouver la joie de faire soi-même.

Mis en avant aux JO !

Riche de 300 variétés de dahlias, dont 150 créations maison, Ernest Turc va voir sa fleur fétiche bénéficier d’une visibilité de premier plan : aux côtés d’autres bulbes d’été de son catalogue, elle fleurira Paris dès le mois de juillet, pendant les Jeux olympiques. Cocorico !

Riche de 300 variétés de dahlias, dont 150 créations maison, Ernest Turc va voir sa fleur fétiche bénéficier d’une visibilité de premier plan : aux côtés d’autres bulbes d’été de son catalogue, elle fleurira Paris dès le mois de juillet, pendant les Jeux olympiques. Cocorico !

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Crédit photo :
@ Laurent guichardon
Article paru dans le n°
15
du magazine.

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