5 questions à… Cédric Sapin-Defour, écrivain

Rencontre
Et si le secret pour vivre en harmonie avec les animaux et la nature, c’était simplement d’abandonner nos préjugés et d’observer ? Cet auteur passionné de montagne nous aide à ouvrir les yeux.
Un article de
Stéphanie Bouvet

Comment est née l’envie d’écrire le livre Son odeur après la pluie à la suite de la mort de votre chien ?

Ce n’était pas de l’ordre de la thérapie. Ma motivation était plus joyeuse. Je cherchais à être de nouveau avec Ubac par le simple fait d’écrire sur lui. Tout processus de création prend du temps, et je pressentais que ce temps de l’écriture serait un temps de plaisir. Le mouvement de la main, du corps, fait naître des souvenirs. La rédaction de ce livre m’a permis de faire resurgir des moments partagés avec mon chien, c’était comme partir une dernière fois en promenade avec lui.

Cédric Sapin-Defour a partagé quatorze années de complicité avec Ubac, son bouvier bernois.

Vous écrivez, au sujet de la cohabitation homme-animal : « Il doit bien exister une place pour vivre ensemble ». L’avez-vous trouvée ?

Oui, je crois. Il y a une place pour vivre ensemble dès lors qu’on ne définit pas le monde à l’aune de notre propre regard. Cela peut passer par un geste simple, juste s’asseoir par terre pour être au même niveau que le chien. Si on est debout, on regarde forcément l’animal de haut. Je suis mal à l’aise avec ce rapport vertical. En observant les animaux dans la montagne, on se rend bien compte qu’ils sont plus débrouillards que nous dans la nature. L’homme se place dans une position dominante, pourtant il n’est pas un être supérieur.

Dans Gravir les montagnes est une affaire de style (2017), l’auteur conjugue amour des mots et des cimes.

Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour que cette cohabitation soit plus sereine ?

Cela passe par l’acceptation que tout ne soit pas à notre image. Dans la vie, on a tendance à s’entourer de gens qui nous ressemblent. Les animaux sont différents, ce qui rend leur observation passionnante. Elle permet de comprendre le langage d’un corps, d’un pelage, d’un aboiement. Aujourd’hui, l’animal ne ressemble plus à un animal quand il est présenté sous forme de viande dans une barquette ou qu’on le couvre d’accessoires. Il faut arriver à le regarder comme un égal.

Comment voyez-vous le rapport de l’homme et de la nature ?

La façon dont on parle de la nature est toujours réductrice. Un adepte du ski ou de l’escalade va dire que la montagne est un terrain de jeu, un utilisateur des réseaux sociaux va considérer un paysage uniquement comme une belle carte postale… On envisage toujours la nature comme un lieu à notre service. Il est essentiel de trouver une dénomination juste, plus ample. Pour moi, le seul maître à bord de la nature, c’est l’interdépendance : si les abeilles disparaissent, je ne donne pas cher de l’homme.

Natif de l’Aube, il vit aujourd’hui au cœur des Alpes. Un environnement fragile à préserver.

Comment améliorer le rapport de l’homme et de la nature ?

Quand j’étais professeur d’EPS, j’ai essayé différents leviers pour sensibiliser les élèves aux milieux naturels. Finalement, je crois que la clé est la beauté. Lorsqu’un adolescent a saisi la beauté de la nature lors d’une sortie en montagne, la discussion peut s’enclencher sur sa préservation. Là-haut, on est aux premières loges pour observer les transformations de l’environnement. Mais le débat est compliqué car on n’a pas tous le même rapport au temps. Pour moi, on ne peut plus nier la part de responsabilité de l’homme ni l’urgence. Pourtant, certains acteurs économiques continuent de prendre des décisions mortifères à moyen terme…

Son parcours

Biberonné à la liberté et aux grands espaces, passionné d’alpinisme, ce Savoyard qui a toujours vécu au plus proche de la nature est d’abord devenu prof de sport, comme ses parents. Mais son amour des mots l’a rattrapé. Auteur d’un Dictionnaire impertinent de la montagne, Cédric Sapin-Defour publie en 2023 un récit intime et fort, Son odeur après la pluie, qui retrace sa longue relation avec Ubac, son bouvier bernois. Fort de son succès, ce livre, paru chez Stock, est sorti au Livre de poche cette année.

Biberonné à la liberté et aux grands espaces, passionné d’alpinisme, ce Savoyard qui a toujours vécu au plus proche de la nature est d’abord devenu prof de sport, comme ses parents. Mais son amour des mots l’a rattrapé. Auteur d’un Dictionnaire impertinent de la montagne, Cédric Sapin-Defour publie en 2023 un récit intime et fort, Son odeur après la pluie, qui retrace sa longue relation avec Ubac, son bouvier bernois. Fort de son succès, ce livre, paru chez Stock, est sorti au Livre de poche cette année.

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Crédit photo :
@ Philippe MATSAS/Stock/DR
Article paru dans le n°
18
du magazine.

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